Klute


A moitié allongée dans un élégant canapé, la chevelure semblable à celles de Mucha, une Jane Fonda diaphane, sublime de grâce et de raffinement, fixe l'objectif d'un regard à la fois intense et évasif. Ce visage, sans doute le plus beau du monde à cet instant, me permet d'évoquer bien autre chose que cette robe en tissu écossais, cette main délicate ou ce poignet cerné d'ors, ces vêtements et parures avaient de toute façon peu de chance de figurer dans la garde robe de Klute, le film qui nous intéresse aujourd'hui. En effet, dans celui-ci elle y interprète une call-girl qui, très professionnellement et logiquement, porte la mini-jupe plutôt que la longue robe cintrée et dont la coiffure, non sans être originale, est très éloignée de cette chevelure aux arabesques laquées.

John Klute, un détective privé secret et flegmatique, est engagé par l'épouse et l'associé de son ami Tom Gruneman pour le retrouver après 6 mois de disparition. La seule piste fournie par la police sont des lettres obscènes que le disparu aurait adressées à Bree Daniels, une call girl New yorkaise. Klute quitte donc la Pennsylvanie pour Big Apple, s'installe dans le même immeuble que la prostituée et la branche sur table d'écoute...


Alan J(ay) Pakula inventa une nouvelle façon de filmer le polar avec Klute. Il utilisa les silences, les plans lents et avec Gordon Willis à la photographie, il sut avec ce film très peu conventionnel imprimer un climat à la fois envoûtant et oppressant. Jane Fonda en Belle de nuit paumée est magnétique, tout comme Donald Sutherland dans le rôle d'un détective privé mystérieux à l'empathie silencieuse.